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19/06/2021 – Tornades en Wallonie

    D’aucuns ont qualifié l’été 2021 de « pourri », mais ce n’est pas le mot adéquat. Un « été pourri » fait penser à ces nombreux étés d’il y a trente, quarante ans ou plus, qui se caractérisaient par la fraîcheur, le manque de soleil et des pluies trop fréquentes. En 2021, ce n’est pas tellement la fréquence des pluies qui a posé problème, mais l’abondance, et il ne serait pas exagéré de qualifier l’été 2021 de « catastrophique ».

    Nous reviendrons encore sur les inondations désastreuses de juillet, mais d’autres calamités ont également sévi durant cet été 2021 et ce, dès le mois de juin. Une grosse première moitié de ce mois, pourtant, peut être considérée comme potable, avec des températures assez chaudes et quelques journées bien ensoleillées. Mais dès la nuit du 17 au 18 juin, la situation se dégrade fortement, avec déjà des orages supercellulaires.

    La nuit suivante, celle du 18 au 19 juin, un front froid tente de traverser notre pays, mais n’y arrive pas et reste bloqué dans ses ondulations au-dessus de la moitié sud-est de la Belgique. Il s’ensuit que les conditions météorologiques de la journée du 19 sont très différentes selon qu’on se trouve à l’ouest ou à l’est (et au sud) du pays.

    On peut dire qu’à l’ouest d’une ligne Couvin – Namur – Hasselt – Kleine Brogel, en d’autres termes à l’ouest et au centre de la Belgique, les températures maximales ne dépassent guère les 20°C, le ciel est couvert de stratocumulus et les vents soufflent d’ouest à nord. En soirée, les stratocumulus se dispersent et font apparaître un voile d’altostratus.

    À l’est de la ligne en question, c’est un tout autre type de temps : les températures frisent parfois les 30°C en Gaume et le ciel est lumineux, avec quelques cirrus spissatus et quelques altocumulus. L’après-midi, des cumulus se forment mais restent longtemps discrets. Ce n’est qu’en soirée que quelques-uns atteignent le stade de congestus tandis que des castellanus confirment l’instabilité. À ce moment-là, un voile nuageux apparaît en Gaume aussi, mais bien plus mince, composé de cirrostratus souvent lacunaires. Le vent souffle principalement de sud à est, sous forme d’une bonne petite brise avec de modestes rafales.

    Ce voile nuageux, qu’on finit par voir des deux côté du front, appartient en fait à un autre front, venant du sud et nous arrivant de façon perpendiculaire au premier front. Nous avons alors une tripartition de l’atmosphère : à l’arrière de l’ « autre » front venant du sud, nous avons de l’air atlantique méridional et à l’avant, de l’air frais de la Mer du Nord à l’ouest du premier front et de l’air tropical à l’est de ce premier front. Le conflit de masses d’air est responsable de contrastes thermiques et le recoupement des fronts donne une zone à convergences et cisaillements complexes du vent. Tout est en place pour que des tornades puissent se former.

    Et il y en a au moins deux importantes qui sévissent en soirée : l’une à Beauraing et l’autre à Éprave.

    La tornade de Beauraing, d’une intensité F2, parcourt 26 kilomètres en province de Namur, de Gedinne à Houyet en passant par Beauraing. 17 blessés (même s’il s’agit de blessés légers) sont à déplorer et 92 maisons ont subi des dégâts, dont une dizaine ont été rendues inhabitables.

    La tornade d’Éprave, d’une intensité F2 également, parcourt 18 kilomètres en provinces de Luxembourg et de Namur, de Resteigne à une zone située à l’ouest de Haversin, en passant par Éprave et Laloux. Dans cette dernière localité, c’est carrément le clocher de l’église qui s’envole.

    Un peu au nord de ces zones, de très gros grêlons s’abattent sur Marchin, en province de Liège mais non loin de la province de Namur. On observe également deux autres tornades, l’une à Olne (province de Liège) et l’autre à Sorinne-la-Longue (province de Namur). Elles sont toutes les deux d’intensité F1.

    En province de Luxembourg, une station d’amateur mesure une rafale descendante de 126 km/h à Hotton, tandis que le pluviomètre de Gouvy reçoit 56,1 mm rien que sur une soirée. Ceci engendre des dégâts aussi, comme des inondations, des coulées de boue et des arbres abattus. De plus, une autre tornade frappe le village de Bras, près de Libramont, d’intensité F2.

    grêlons observés à Marchin, en province de Liège, le 19 juin 2021. Groupe facebook « Vivre-à-Marchin ».Grêlons observés à Marchin, en province de Liège, le 19 juin 2021.
    Source : Groupe Facebook « Vivre-à-Marchin ».

    Enfin, même des zones plus éloignées de la rencontre des fronts ne sont pas toujours épargnées : Melle près de Gand reçoit 47 mm d’eau entre 22h00 et 2h00.

    Pour en savoir davantage, un article plus complet est disponible via le lien suivant : https://belgorage.be/breves-et-articles/tornades-et-trombes-marines/base-de-donnees-breves-et-articles-2021-06-19-orages-2