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26/09/2024 – Tornades sur le centre du pays

    Résumé

    Le jeudi 26 septembre 2024 en fin de journée, trois tornades avérées sont survenues en un peu plus d’une heure sur le centre de la Belgique. La première s’est produite vers 17h00, entre Écaussines et Braine-le-Comte, dans le nord-est du Hainaut. La seconde a concerné la région de Zoutleeuw et Geetbets, dans la province du Brabant flamand, autour de 17h50. Quelques minutes plus tard, une troisième tornade, la plus forte et la plus durable, a frappé la région de Beauvechain dans le Brabant wallon. En plus du moment qui diffère, les conditions d’observation et l’évolution de ces tornades permettent d’affirmer que les tourbillons de Beauvechain et de Zoutleeuw-Geetbets sont deux phénomènes orageux bien distincts.

    Fait remarquable, la tornade d’Écaussines et celle de Beauvechain sont issues du même orage durable et aux caractéristiques supercellulaires, ayant traversé les Hauts-de-France puis pratiquement toute la Belgique depuis la région de Beloeil en province de Hainaut jusqu’au centre du Limbourg.


    Analyse de la situation atmosphérique

    Dans l’après-midi du 26 septembre, la Belgique se retrouve dans un contexte de traîne après le passage d’un front froid actif dans le courant de la nuit. Toutefois, à l’arrière, la masse d’air reste assez douce et humide dans les basses couches. Les éclaircies se développant à la mi-journée permettent la montée des températures jusqu’aux environs de 20°C, et donc une hausse de l’instabilité. Celle-ci atteint des valeurs significatives sur la moitié ouest du pays (MUCAPE de 1000 J/kg). De plus, en altitude, une cassure du courant Jet, présent de la France au nord de l’Allemagne, s’opère et met en place des divergences notables au-dessus de nos régions. Celles-ci exercent ainsi des ascendances synoptiques qui facilitent la mise en place de la convection.

    En basses couches, le vent de sud-sud-ouest assure l’alimentation des cellules orageuses, tandis qu’il tourne au sud-ouest voire à l’ouest-sud-ouest avec l’altitude en y gagnant en vitesse également. Il en résulte des cisaillements de vent notables, avec une hélicité significative, mais plutôt sur le centre, l’est et le sud de la Belgique. Les tornades se sont développées en marge de ces plus forts cisaillements, mais à la zone de contact de la masse d’air plus instable sur l’ouest du pays, où la grande majorité de l’activité orageuse est observée.

    Analyse de surface du 26/09/2024 à 20h00. Source : DWDAnalyse de surface du 26/09/2024 à 20h00. Source : DWD

    Pour note, le bulletin de Belgorage, bien qu’optant pour un risque limité de phénomènes sévères, n’excluait pas le risque de phénomène tourbillonnaire, et hésitait avec un niveau 1 – orange. Toutefois, avec deux tornades d’intensité significative, ce niveau 1 apparaît, a posteriori, comme ayant été plus approprié.


    Déroulé de l’épisode : deux tornades issues de processus bien différents

    Ainsi, le 26 septembre, plusieurs orages ont circulé sur le pays en plus des cellules ayant généré les tornades. Cependant, ces foyers sont restés relativement modérés en-dehors de quelques fortes précipitations passagères et de quelques bourrasques soutenues. Le déroulé des évènements se concentre donc sur les cellules ayant généré les tornades.

    1. Écaussines et Beauvechain

    Le système convectif qui frappe Écaussines et Beauvechain était déjà actif plusieurs heures auparavant, puisqu’il est pour la première fois identifiable au nord-est de Rouen, en Normandie, peu avant 13h00. Ce moment se situe cinq heures avant la survenue de la tornade et plusieurs centaines de kilomètres en amont. Il s’agit là d’une durée de vie remarquable.

    Toutefois, cet ensemble reste d’activité contenue et pulsante, avec des phases plus soutenues alternant avec des phases d’affaiblissements. En outre, l’activité orageuse est sporadique. Par après, vers 14h30, la cellule s’intensifie au nord d’Amiens, puis effectue une division (‘split’ en anglais), indice d’une organisation supercellulaire. L’activité électrique est alors notable et l’orage progresse rapidement en direction de la frontière belge, qu’il atteint au niveau de Beloeil, en province de Hainaut, vers 16h00.

    Cependant, une fois en Belgique, l’orage se déstructure quelque peu, mais le radar d’Avesnes-sur-Helpe y décèle toujours une rotation durable, confirmant le maintien du statut supercellulaire. Restant peu électrique et se restructurant sur le nord-est du Hainaut, il génère alors une première tornade au nord d’Écaussines, sur une distance d’au moins 5 kilomètres. Cette tornade semble initiée au moment où le courant descendant arrière de la supercellule (‘rear flank downdraft’ ou ‘RFD’ en anglais) semble connaître une intensification. Le tourbillon, la plupart du temps non condensé, est observé par un chasseur d’orage posté à proximité. Ce dernier décrit un système présentant toujours visuellement une organisation supercellulaire, avec un abaissement nuageux animé d’une forte rotation. Cet abaissement est en réalité un tuba massif qui, durant quelques secondes, verra un vortex tortueux descendre jusqu’au sol. Entre-temps, un buisson de poussière est visible en-dessous du tuba qui n’est pas condensé entièrement. Mais peu de temps après la prise du cliché ci-dessous, le tout se dissipe. Une enquête de terrain réalisée a posteriori confirme ces observations.

    Courant ascendant de l'orage observé depuis Ronquières, en province de Hainaut, le 26 septembre 2024. On peut observer le vortex massif au centre ainsi qu'un buisson de poussière en dessous. Crédit photo : Jérémy Lokuli.Courant ascendant de l’orage observé depuis Ronquières, en province de Hainaut, le 26 septembre 2024.
    On peut observer le vortex massif au centre ainsi qu’un buisson de poussière en dessous. Crédit photo : Jérémy Lokuli

    L’orage continue ensuite sa route et est observé dans les environs de Nivelles en province du Brabant wallon par un membre de Belgorage vers 17h15. Il semble, alors, à la fois moins actif et à nouveau se restructurer, avec une occlusion du mésocyclone ayant généré la tornade hennuyère. Dans les instants qui suivent, alors que le système transite juste au nord de Genappe, un abaissement nuageux se met en place, tandis que quelques impacts de foudre sont à nouveau observés. Il s’agit possiblement d’un nouveau nuage mur trahissant un renforcement de la cellule et une nouvelle rotation mésocyclonique en son sein. De plus, on remarque une déviation régulière du système vers la droite du flux général sur les images radars, autre indice d’une composante supercellulaire.

    La supercellule (fléchée) telle qu’elle se présente sur le radar d’Avesnes-sur-Helpe à 17h20. À cette heure,
    elle concerne Braine-l’Alleud en province du Brabant Wallon. Source : Kachelmann Wetter

    Dans les minutes suivantes, la cellule transite sur la région d’Ottignies et de Wavre tout en continuant à s’intensifier. Un RIN (‘Rear inflow notch’ en anglais) se met en place sur le flanc ouest de la cellule, indiquant un renforcement de la rotation et du RFD. La supercellule atteint ensuite Grez-Doiceau autour de 17h50. À ce moment, elle redevient tornadique et un tourbillon est alors actif juste à l’est de la localité (au même instant, une autre tornade sévit plus au nord-est sur laquelle nous y reviendrons au point 2). Après un comportement instable, la tornade devient plus intense et balaie le nord de la base militaire de Beauvechain, puis le quartier des Burettes, où elle engendre de lourds dégâts au bâti vers 18h00. Compte tenu de ces derniers, le maximum d’intensité y est estimé au niveau F2-T5. On notera aussi qu’une station amateur située à proximité de la zone touchée a enregistré une rafale de 95,3 km/h. Cette mesure ne reflète pas les vitesses du vent au cœur de la tornade, qui dépassent les 200 km/h lors de son paroxysme. Bien qu’ensuite affaibli, le tourbillon franchit l’E40 en province du Brabant Flamand et continue sa vie jusqu’à l’ouest de Tirlemont, soit sur un tracé total d’un peu plus de 15 km. Les détails relatifs à ce phénomène sont à retrouver dans la partie ‘Résultats des enquêtes de terrain’ (voir plus bas).

    Pour note, cette tornade est en partie masquée par les précipitations et non-condensée entièrement d’après les témoins et les vidéos qui circulent sur les réseaux sociaux. L’un de nos membres posté non loin de là observe un abaissement rotatif imposant à ce moment. En poussant les contrastes sur les photos, la tornade est identifiable sur ces dernières, sous la forme d’un cône prolongé par un tuba. Côté précipitations, la cellule reste bien active, puisque des coulées de boues sont aussi observées, notamment à Tourinnes-la-Grosse, dans la zone du FFD (‘Forward flank downdraft’ en anglais). Deux stations amateurs situées à proximité ont mesuré respectivement 32,5 mm et 21,1 mm de précipitations, ce qui démontre que les pluies ont été intenses localement puisque tombées en peu de temps.

    Photographie de l'orage transitant sur Beauvechain, le 26 septembre 2024 à 18h02, vu depuis Lathuy. En zoomant sur la zone du courant ascendant et en ajoutant des contrastes, la tornade est visible. Crédit photo : François RiguellePhotographie de l’orage transitant sur Beauvechain, le 26 septembre 2024 à 18h02, vu depuis Lathuy.
    En zoomant sur la zone du courant ascendant et en ajoutant des contrastes, la tornade est visible.

    Ensuite, continuant son trajet en province du Brabant Flamand, le système convectif connaît alors une phase rapide d’affaiblissement (en parallèle de la dissipation de la tornade), et le caractère supercellulaire semble là arriver à son terme. La cellule se renforce ensuite temporairement au nord-est de Tirlemont, pour définitivement s’affaiblir et disparaître au nord-est de Genk peu après 19h00.

    2. Zoutleeuw-Geetbets

    Concernant l’autre cellule, sa survenue est plus difficile à cerner puisqu’elle ne semble être associée à aucun système bien organisé sur les imageries radar. Cependant, on peut déjà y associer la convection de départ dès 13h00 en France, se développant sur Ménu, entre Paris et Beauvais. D’abord simple averse, la cellule se renforce au stade orageux sur la région de Saint-Quentin autour de 14h45 avant de toucher Maubeuge vers 16h00.

    Ensuite, l’orage entre rapidement en Belgique sur la province de Hainaut pour effleurer l’ouest de Charleroi et concerner Fleurus à 16h45. Cependant, elle connaît un affaiblissement notable par après en longeant la région commune entre les provinces du Brabant wallon et de Namur. Un de nos membres observe alors la cellule depuis Ramillies, peu avant 17h30. Après d’intenses précipitations passagères, une base tourmentée est visible avec de temps à autre des fractus se faisant aspirer. L’ensemble ne montre cependant aucune organisation stable. Toutefois, alors que la cellule s’éloigne, une convection notable est observable, avec une forte ascension de cumulus congestus.

    De plus, cette observation est corroborée avec les images radars, qui dévoilent une intensification de la cellule, pourtant de petite taille. Peu de temps après, une tornade se forme en-dessous de l’un de ces développements à 17h50, pour toucher respectivement Linter, Budingen et Grazen en province du Brabant flamand. Cette dernière est parfaitement visible et est également observée par un autre de nos membres depuis Gingelom, en province de Limbourg. Plusieurs autres photos disponibles sur les réseaux sociaux montrent que le tourbillon n’était visible qu’au sud de la cellule. Il était notamment observable depuis les régions de Jodoigne, Tirlemont et Hélécine.

    Tornade de Zoutleeuw observée depuis la région de Gingelom, en province de Limbourg, le 26 septembre 2024. Crédit photo : Geoffrey MaillardTornade de Zoutleeuw observée depuis la région de Gingelom, en province de Limbourg, le 26 septembre 2024.
    Tornade observée depuis la région de Jodoigne, en province du Brabant wallon, le 26 septembre 2024. Crédit photo : François RiguelleTornade observée depuis la région de Jodoigne, en province du Brabant wallon, le 26 septembre 2024.

    Enfin, les photographies prises apportent des éléments intéressants. En effet, elles semblent démontrer que la tornade s’est produite au moment où le nuage convectif porteur connaissait une période de forte croissance. En effet, un cumulus congestus bien constitué surplombe cette tornade qui sévit sur le flanc ouest du système. Une évolution supercellulaire semble donc peu probable. De plus, cette cellule s’affaiblit ensuite rapidement à partir de 18h00 au nord de Saint-Trond, pour se dissiper une demi-heure plus tard à proximité de Genk.

    Ainsi, les tornades de Beauvechain et d’Écaussines sont probablement d’origine mésocyclonique, survenant sous une supercellule au sommet peu élevé soit de type LT (‘Low topped’ en anglais). À l’inverse, la tornade de Zoutleeuw-Geetbets est probablement d’origine non-mésocyclonique, et se rapproche plutôt d’un landspout.


    Résultats des enquêtes de terrain

    Nous allons à présent détailler les différentes enquêtes de terrain. Les différentes cartes proposées dans cette partie illustrent les axes de convergence identifiés (lignes jaunes) ainsi que les couloirs de dégâts laissés par les tornades (zones en rouges). Les numéros représentent des endroits précis qui sont discutés et abordés dans les explications.

    1. Résultats de l’enquêtes de terrain de la tornade d’Ecaussines

    L’enquête de terrain a pu être réalisée sur base des observations du phénomène, et les résultats de l’enquête concordent parfaitement avec ces dernières. Bien qu’ayant été réalisée une semaine après l’événement, l’origine tornadique des dégâts est incontestable.

    Carte illustrant le parcours de la tornade d'Henripont (Écaussinnes) du 26 septembre 2024. Fond de carte : Google MapsCarte illustrant le parcours de la tornade d’Henripont (Écaussinnes) du 26 septembre 2024. Fond de carte : Google Maps

    Le tourbillon, ayant possiblement un contact discontinu avec le sol, semble engendrer ses premiers dégâts au niveau de la Nationale 532, au nord-ouest d’Écaussines (1). Deux arbres sont abattus le long de la route, et plusieurs branches sont brisées sur d’autres. Une fois la voirie franchie, un champ de maïs est atteint, et les plantes montrent une convergence sur le flanc droit du tourbillon, car elles sont couchées en direction du nord. L’intensité est estimée au niveau F0-T0 (les arbres ayant été débités entre-temps, il n’est pas possible d’estimer les dommages subis).

    Ensuite, après avoir traversé des champs où rien de concret n’est retrouvé, une parcelle de maïs montre plusieurs portions versées (2) avec en bordure, de part et d’autre de la zone touchée, des plantes qui montrent une nette convergence (vers l’est-sud-est sur la gauche et vers le nord-nord-est sur la droite du couloir). En outre, la largeur du couloir atteint environ 150 mètres. Pour note, deux couloirs de quelques mètres de largeur seulement sont bien dessinés dans cette parcelle. Cela pourrait correspondre au vortex qui a été observé durant quelques secondes au niveau du sol.

    Couloir identifié à travers une parcelle de maïs (2) à la suite du passage d'un vortex. Crédit photo : François RiguelleCouloir identifié à travers une parcelle de maïs (2) à la suite du passage d’un vortex.

    Par après, les dégâts sont trop faibles pour pouvoir tirer des conclusions. Mais, le long de la rue d’Henripont, des (petites) branches de peupliers sont brisées et dispersées dans une prairie (3) tandis que de très légers dommages sont visibles sur plusieurs bâtiments (quelques tuiles, ardoises ou tôles déplacées). Peu après, des parcelles de maïs sont touchées le long du chemin Dom. de Combreuil (4). Une fois encore, des portions de champs sont versées et démontrent une convergence marquée des vents, sur une largeur de 150 mètres. En outre, c’est à ce moment que la photo du tuba est prise par le chasseur d’orage (depuis le point A sur la carte ci-dessus). De plus, comme autour de ces parcelles de maïs, des champs fraîchement labourés ou récoltés sont présents, l’observation d’un buisson de poussière à cet instant n’est donc guère surprenante.

    Dégâts visibles dans un champ de maïs (4) trahissant le passage d'un phénomène tourbillonnaire. Crédit photo : François RiguelleDégâts visibles dans un champ de maïs (4) trahissant le passage d’un phénomène tourbillonnaire.

    Par après, tant les observations en temps réel que l’enquête de terrain montrent une dissipation du phénomène. Seules quelques tôles sont encore déplacées sur une ferme au niveau de la Nationale 533, au nord-est d’Henripont (5). Cependant, ces dommages sont légèrement en retrait par rapport à l’axe identifié mais comme les images satellites récentes ne montrent aucune faille sur ces toitures, il y a de bonnes probabilités que ce soit en lien avec notre phénomène. Au final, un parcours discontinu de 5 kilomètres ressort, avec une intensité très faible de niveau F0-T0.

    Tôles déplacées sur un hangar agricole (5). Crédit photo : François RiguelleTôles déplacées sur un hangar agricole (5).

    2. Résultats de l’enquête de terrain de la tornade de Beauvechain

    Parcours global

    Cette tornade a eu une durée de vie d’environ un quart d’heure. Cependant, l’observation du phénomène par différents témoins entre 17h58 et 18h04 a démontré que le tourbillon n’était pas entièrement condensé, même quand il a perpétré les dégâts les plus importants au niveau des rues de Wavre, de Louvain et de Marcoen à Beauvechain.

    Carte illustrant le parcours global de la tornade de Beauvechain du 26 septembre 2024. Fond de carte : Google MapsCarte illustrant le parcours global de la tornade de Beauvechain du 26 septembre 2024. Fond de carte : Google Maps

    Ainsi, les premiers dommages sont constatés à la sortie de l’agglomération de Grez-Doiceau (1). Ensuite, le tourbillon traverse le bois de Beausart (2) avant de longer la base militaire de Beauvechain (3). Par après, le quartier des Burettes est atteint, notamment la rue de Wavre (4) et la rue de Louvain (5) où de lourds dégâts au bâti sont observés. Plus loin, des parcelles agricoles et un bosquet (6) sont touchés avant que la tornade n’entre en Flandre pour concerner le hameau de Babelom (7) à Meldert. Continuant son trajet, le tourbilllon traverse d’autres parcelles agricoles et un bois (8) à Willebringen pour ensuite franchir la E40 et finir par se dissiper à Kumtich (9).

    Parcours détaillé

    Les premiers dégâts laissés par la tornade sont trouvés à la sortie de l’agglomération de Grez-Doiceau, entre les rues Croix Claude et des Campinaires (1). De petites branches sont brisées sur les arbres, et dans deux parcelles agricoles (blé et prairie) la végétation parait être écrasée de façon convergente. En amont, plus aucune brindille cassée n’est trouvée, et un champ de maïs intact nous laisse penser que le tourbillon est né précisément à cet endroit, juste après l’agglomération. Une chance, car le centre-ville se situe non-loin de là, sur la trajectoire.

    Carte illustrant le parcours de la tornade à Grez-Doiceau. Fond de carte : Google MapsCarte illustrant le parcours de la tornade à Grez-Doiceau. Fond de carte : Google Maps.

    Passée la dernière rue citée, un bosquet est atteint ainsi qu’un champ de maïs (2). Quelques branches sont brisées sur des peupliers et les épis de maïs sont versés en montrant une convergence des vents, confirmant le passage d’un phénomène tourbillonnaire. Mais l’intensité est très faible, au niveau F0-T0 et la largeur du vortex est d’environ 50 mètres. Plus loin, la tornade longe le bois de Beausart en abattant quelques arbres à la lisière, avant de toucher un autre champ de maïs (3). À cet endroit, le tourbillon semble avoir un contact solide avec le sol et une intensité plus élevée, car l’entièreté des plantes au sein du couloir sont couchées, de manière parfaitement convergente.

    Champ de maïs (3) complètement versé suite au passage de la tornade. Crédit photo : François RiguelleChamp de maïs (3) complètement versé suite au passage de la tornade.

    Par après, le vortex entre dans le bois, brisant des branches aux arbres mais l’intensité demeure à nouveau très faible. Trois propriétés sont aussi traversées (4), et l’un des habitants témoigne avoir observé depuis sa maison le passage d’un tourbillon de feuilles et de brindilles dans le fond de son jardin. Enfin, à la sortie du bois (5), quelques branches sont aussi brisées avant que le phénomène ne traverse une plaine agricole. À ce niveau, il n’est pas possible de déterminer si le vortex est toujours en contact durablement avec le sol car la végétation est généralement absente ou rase.

    Par la suite, quelques traces sont observées dans des parcelles agricoles, notamment sur des tournesols (6) avant que d’autres dégâts ne soient trouvés le long de la N91 entre Nodebais et Piétrebais (7), alors dans l’ouest de la commune de Beauvechain. Un groupe d’arbres est ainsi endommagé, avec projection de branches en direction du nord-est. En outre, un camion stationné à cet endroit est également renversé. L’intensité semble avoir nettement augmenté, au niveau F1-T2 et la largeur du phénomène ne dépasse pas quelques dizaines de mètres.

    Dommages observés le long de la Nationale 91 (6) avec des branches brisées et un camion renversé. Crédit photo : Gaëtan Bajoit. Dommages observés le long de la Nationale 91 (7) avec des branches brisées et un camion renversé. Crédit photo : Gaëtan Bajoit
    Carte illustrant le parcours de la tornade au niveau de la base militaire de Beauvechain (zone grise). Fond de carte : Google MapsCarte illustrant le parcours de la tornade au niveau de la base militaire de Beauvechain (zone grise). Fond de carte : Google Maps

    Peu après, un chemin de campagne est traversé (8), et la végétation herbacée des fossés est couchée de façon convergente. Quelques centaines de mètres plus loin, le tourbillon rencontre la partie nord de la base aérienne militaire de Beauvechain (9). À ce niveau, des dégâts portés aux arbres sont observables, même si l’intérieur du domaine militaire n’est pas accessible.

    Sortant temporairement de la base, la tornade touche des parcelles agricoles enclavées (10). Encore une fois, un champ de maïs est versé dans un couloir bien délimité d’une cinquantaine de mètres de largeur, avant que la tornade ne rentre à nouveau dans le domaine militaire (11). On peut toutefois y observer des arbres brisés, notamment de gros peupliers, alors qu’un hangar subit de légers dommages à sa toiture en périphérie. L’intensité semble croître au niveau F1-T3.

    Champ de maïs couché (10) par la tornade en bordure de la base militaire, dont les éléments sont délibérément masqués sur la photo. Crédit photo : François RiguelleChamp de maïs couché (10) par la tornade en bordure de la base militaire, dont les éléments sont délibérément masqués sur la photo.

    Sortant définitivement de la base militaire par la Chaussée de Namur, la tornade adopte alors un comportement plus erratique. Deux couloirs semblent se démarquer, montrant soit une première dissipation d’un vortex avant qu’un deuxième ne reprenne immédiatement le relais, soit une trajectoire sinueuse et plus lente de la tornade à cet endroit, avec possiblement une composante multivortex. En effet, des arbres sont abattus à la sortie de la base (12) tandis qu’un peu en retrait, un alignement d’arbres est touché également (13). À ce niveau, on notera qu’un trampoline a été aspiré depuis un jardin situé au nord de la trajectoire, en dehors du couloir de dégâts.

    Trampoline aspiré et dégâts visibles sur un alignement d'arbres (13). Crédit photo : François RiguelleTrampoline aspiré et dégâts visibles sur un alignement d’arbres (13).

    Dans la foulée, juste après l’avenue des Combattants, un bosquet (14) est atteint mais avec des dommages plus faibles (branches brisées). À côté, une parcelle de maïs ne présente aucun dégât, ce qui semble montrer une dissipation du phénomène. Cependant, l’autre côté du bosquet est sévèrement touché (15), démontrant un nouveau contact au sol et confirmant une intensification du phénomène. Une tranchée est visible dans ce dernier, avec de nombreux arbres abattus et une intensité s’établissant toujours au niveau F1-T3 (haut de l’échelon), sur une largeur croissante qui atteint environ 100 mètres.

    Carte illustrant le parcours de la tornade sur le quartier des Burettes à Beauvechain. Fond de carte : Google MapsCarte illustrant le parcours de la tornade sur le quartier des Burettes à Beauvechain. Fond de carte : Google Maps
    Arbres abattus dans un Bosquet (15) au quartier des Burettes de Beauvechain. Crédit photo : François RiguelleArbres abattus dans un Bosquet (15) au quartier des Burettes à Beauvechain.

    Par après, la tornade arrive rue de Wavre, où une ferme est touchée de plein fouet. Un entrepôt à grains voit de nombreux éléments de toiture en tôle (16) s’envoler tandis que les portes massives sont toutes arrachées et projetées à parfois plus de 100 mètres de distance. Un bâtiment en briques, constitutif d’un ensemble de stockage (17) est aussi complètement détruit, avec ses murs en grande partie renversés, écrasant du matériel agricole, tandis que deux silos métalliques sont totalement démantibulés. En outre, plusieurs voitures sont aussi endommagées. Ces éléments attestent, à ce moment, d’une tornade d’intensité F2-T5. Il est à préciser que le niveau F3 n’est pas retenu malgré la destruction du bâtiment. En effet, ce dernier est constitué de briques et est plus haut que large, il a donc une solidité moindre que des constructions plus massives, comme c’était le cas pour les tornades de Lenne (en 2018) et de Bernistap (en 2021). Pour note, la disposition des dégâts portés au bâti et la convergence observée sur la végétation endommagée ne laissent aucun doute quant à la nature tornadique du phénomène. Sur le corps de ferme (18), de nombreuses tuiles sont manquantes sur les toitures et des vitres sont brisées, y compris sur les façades normalement protégées du vent.

    Bâtiment (17) complètement détruit suite au passage de la tornade. En arrière plan, le hangar (16) est visible. Crédit photo : François RiguelleBâtiment (17) complètement détruit suite au passage de la tornade. En arrière plan, le hangar (16) est visible.
    Capture d'écran issue de Google Street montrant le bâtiment (17) avant le passage du tourbillon.Capture d’écran issue de Google Street montrant le bâtiment (17) avant le passage du tourbillon.
    Autre vue sur le bâtiment détruit (17). Crédit photo : François RiguelleAutre vue sur le bâtiment détruit (17).

    Le tourbillon, maintenant cette intensité et exerçant son effet sur une centaine de mètres de large, traverse alors la rue de Wavre avec un angle fermé. Plusieurs habitations sont endommagées (19), avec des portions de toiture enlevées et des vélux arrachés. On note aussi que les poteaux électriques sont brisés au niveau du sol, et de nombreux dégâts sont visibles dans les jardins avec des arbres déracinés ou sectionnés, une serre et une vérandas détruites et une roulotte retournée. En outre, même à l’intérieur des maisons, des meubles ont été renversés par le vent. Une habitante témoigne : « Nous étions au rez-de-chaussée en train de regarder la TV. Il y avait du vent dehors, mais rien d’inquiétant ,nous avons l’habitude car nous sommes exposés. Puis d’un coup, j’ai entendu un bruit particulier. Comme si un lourd camion passait dans la rue, ou un train, difficile de décrire. J’ai aussi entendu un gros craquement, puis plus rien. Cela a duré une minute tout au plus. Je suis alors sortie à l’extérieur pour voir ce qu’il se passait et j’ai été ébahie de voir les dégâts chez les voisins, les toitures étaient envolées et les arbres déracinés ! Je me suis retournée ensuite vers ma maison et c’est à ce moment que j’ai remarqué qu’il n’y avait plus d’étage. Je n’avais d’abord rien vu. À l’intérieur, des morceaux de murs sont tombés jusque dans la cuisine, à travers les plafonds. »

    Dégâts observés sur les habitations de la rue de Wavre (19) à Beauvechain. Crédit photo : François RiguelleDégâts observés sur les habitations de la rue de Wavre (19) à Beauvechain.

    L’une des habitations (20) a été sévèrement touchée car la toiture est entièrement arrachée, et une partie des murs sont endommagés (pignons). Tous les éléments montrent une nette convergence des vents, et une intensité toujours au niveau F2-T5 sur cette dernière, d’où provient par ailleurs le témoignage. La largeur du couloir s’épand ici sur environ 150 mètres. De même, une ancienne ferme située à l’angle des rues de Wavre et de Marcoen (21) voit aussi la toiture d’un bâtiment complètement arrachée, ainsi qu’un pan entier du corps de logis renversé, confirmant encore une intensité élevée (F2-T4). On note également qu’une station amateur située rue de Wavre (point A sur la carte précédente), et de peu en dehors du couloir de dégâts, a enregistré une rafale de 95,3 km/h au passage du phénomène.

    Habitation sévèrement touchée (20) rue de Wavre. Crédit photo : François RiguelleHabitation sévèrement touchée (20) rue de Wavre.
    Capture d'écran issue de Google Street montrant l'habitation avant le passage de la tornade.Capture d’écran issue de Google Street montrant l’habitation avant le passage de la tornade.
    Ancienne ferme endommagée (21) à l'angle des rues de Wavre et de Marcoen. Crédit photo : François RiguelleAncienne ferme endommagée (21) à l’angle des rues de Wavre et de Marcoen.
    Capture d'écran issue de Google Street illustrant l'état d'origine de l'ancienne ferme.Capture d’écran issue de Google Street illustrant l’état d’origine de l’ancienne ferme.

    Ensuite, des débris sont dispersés à plusieurs centaines de mètres dans un champ et des prairies au nord-est de la rue de Wavre (22), où la tornade poursuit sa trajectoire en tangentant la rue Marcoen. Des éléments de charpente et des ardoises sont ainsi retrouvés à plus de 400 mètres des maisons, parfois fichés dans le sol. On y observe aussi des panneaux solaires et même un panneau de signalisation arraché de la rue de Wavre. Plusieurs chevaux ont également été sévèrement blessés par les débris.

    Débris retrouvés dans les prairies (22). On peut berver les dommages sur les habitations de la rue Marcoen en fond (23). Crédit photo : François RiguelleDébris retrouvés dans les prairies (22). On peut observer les dommages sur les habitations de la rue Marcoen en fond (23).

    En outre, plusieurs habitations de la rue Marcoen subissent des dommages périphériques (23), avec des tuiles envolées, des arbres ou des branches brisées. Ensuite, le tourbillon arrive sur la rue de Louvain (24). Ici, l’intensité est généralement un peu plus faible, mais suffisante pour à nouveau endommager des toits avec de nombreuses tuiles arrachées aux habitations. On note aussi des arbres brisés, une porte et un portail arrachés dans une cour. De l’autre côté de la rue, dans une ferme (25), un hangar est aussi entièrement dépouillé des tôles qui le composait, et la toiture d’une dépendance est également détruite en totalité. L’intensité semble avoir diminué mais elle atteint encore le niveau F2-T4 au vu de ces éléments, alors que la largeur du phénomène augmente pour atteindre environ 175 mètres.

    Dégâts visibles sur les bâtiments d'une ferme située rue de Louvain (25). Crédit photo : François RiguelleDégâts visibles sur les bâtiments d’une ferme située rue de Louvain (25).
    Capture d'écran issue de Google Street montrant les bâtiments de la ferme (25) avant le passage de la tornade.Capture d’écran issue de Google Street montrant les bâtiments de la ferme (25) avant le passage de la tornade.

    À côté de la ferme, une écurie (26) voit aussi sa toiture s’envoler alors que les débris blessent des chevaux tandis que l’habitation attenante subit des dégâts avec des tuiles arrachées et une plateforme détruite. Ensuite, sortant de l’agglomération, la tornade traverse alors des champs. En outre, près d’un chemin (28), des éléments de charpente sont retrouvés fichés dans le sol. Plus loin, un bosquet est alors atteint (29), avec des arbres et des branches brisés dans un mouvement à nouveau parfaitement convergent, confirmant encore le caractère tornadique du phénomène qui dépose des morceaux de tôles emportés depuis la rue de Louvain, à plus d’un kilomètre de distance, dans les champs alentours (30). L’intensité va toutefois en diminuant, atteignant le niveau F1-T2.

    Carte illustrant le parcours de la tornade dans la plaine agricole entre Beauvechain et Meldert. Fond de carte : Google MapsCarte illustrant le parcours de la tornade dans la plaine agricole entre Beauvechain et Meldert. Fond de carte : Google Maps
    Morceaux de charpentes fichés dans le sol et arbre abattus le long d'un chemin agricole. Crédit photo : François RiguelleMorceaux de charpentes fichés dans le sol et arbre abattu le long d’un chemin agricole.
    Tôles retrouvées dans les champs (30) à plus d'un kilomètre des bâtiments. Crédit photo : François RiguelleTôles retrouvées dans les champs (30) à plus d’un kilomètre des bâtiments.

    Par la suite, le tourbillon traverse une vaste plaine agricole et entre en province du Brabant flamand. Sa trajectoire est encore identifiable au travers de champs de maïs (31), dont les épis sont entrecroisés et couchés de manière convergente, comme le long de la Veldstraat (32), entre Honsem et Meldert, dans un couloir réduit à quelques dizaines de mètres de largeur. En outre, un groupe de promeneurs est malmené en subissant de violentes rafales de vent à proximité.

    Plus loin, en franchissant la Kerselaarstaat (33), les mêmes caractéristiques sont encore observées, ainsi qu’un arbre brisé le long de la route. De l’autre côté de la voirie, plusieurs parcelles de maïs (34) sont encore versées. Mais l’intensité est à présent minime, au niveau F0-T0. Par après, le tourbillon longe les habitations du hameau de Babelom (35), en brisant des branches dans les jardins.

    Carte illustrant le parcours de la tornade en province du Brabant Flamand. Fond de carte : Google MapsCarte illustrant le parcours de la tornade en province du Brabant Flamand. Fond de carte : Google Maps

    Toutefois, à la sortie du hameau, la tornade semble à nouveau s’intensifier. En effet, des épicéas sont sectionnés dans un jardin (36) avant que plusieurs arbres ne soient déracinés ou abattus dans un bosquet (37). En même temps, le couloir s’élargit, avec des aspiration périphériques, pour atteindre une centaine de mètres de largeur. L’intensité est au niveau F0-T1.

    Arbres brisés ou déracinés à Babelom (Meldert) par la tornade (37). Crédit photo : François RiguelleArbres brisés ou déracinés à Babelom (Meldert) par la tornade (37).

    Ensuite, le long de la Sint-Jansstraat (38), des branches sont arrachées aux arbres et des portions d’un champ de maïs sont couchés de manière convergente, mais l’intensité rediminue d’un cran. Dans la foulée, un bosquet est atteint, au sud-est de Willebringen (39). De nombreux arbres sont sectionnés ou déracinés, montrant une nouvelle intensification au niveau F0-T1, voire au niveau F1-T2. En outre, plusieurs axes de convergence sont identifiés, montrant la survenue de plusieurs vortex. De même, la largeur s’accroît pour y atteindre son maximum, à savoir environ 250 mètres. À la sortie du bois, un champ de maïs (40) est encore couché de manière convergente, et des débris d’isolation, issus des habitations de Beauvechain, sont encore retrouvés. À cet endroit, il n’est pas exclu que le RFD ait également joué un rôle sur les dommages constatés, car certaines portions de maïs, couchées en direction du nord, sont davantage abattues de façon uniforme, ce qui semble montrer la survenue de vents linéaires.

    Dommages observés dans le bois de Willebringen (39). Crédit photo : François RiguelleDommages observés dans le bois de Willebringen (39).
    Champ de maïs versé (40) au sud-est de Willebringen. Crédit photo : François RiguelleChamp de maïs versé (40) au sud-est de Willebringen.

    Par après, le tourbillon semble avoir des difficultés à garder un contact avec le sol. En effet, autour de l’autoroute E40 (41) aucun dommage tangible n’est observé, à part quelques brindilles et des morceaux d’isolants qui sont encore retrouvés régulièrement sur la trajectoire dans les champs, prouvant l’intensité antérieure du vortex qui les a aspiré en altitude. Ainsi, au nord-est de Willebringen (42) des éléments sont encore retrouvés, à plus de 6 kilomètres des dernières maisons touchées, par delà l’autoroute.

    Cependant, dans le bois situé le long de la Blauwbergstraat à Kumtich (43), des branches sont arrachées aux arbres et disposées de manière convergente. De l’autre côté de la rue, une prairie de hautes herbes montre toujours la présence du phénomène. Ensuite, le long de la Geeststraat, quelques branches sont encore brisées. Mais l’intensité est minimale, au niveau F0-T0.

    Traces laissées par le tourbillon à l'entrée de Kumtich (43) avec des hautes herbes couchées et des branches brisées. Crédit photo : François RiguelleTraces laissées par le tourbillon à l’entrée de Kumtich (43) avec des hautes herbes couchées et des branches brisées.

    Enfin, la voie ferrée est traversée (44), et des branches sont brisées sur les talus, de même que des arbustes. La disposition de ces derniers, parfois dans la direction opposée au déplacement du phénomène, atteste de la présence du tourbillon. Par la suite, plus aucun dommage ne peut être attribué au phénomène, car trop faibles et dispersés. Pour terminer, à hauteur de la Nationale 3, plus rien n’est visible, ce qui semble démontrer la dissipation définitive de la tornade. Ainsi, elle aura parcouru 15,2 kilomètres.

    3. Résultats de l’enquête de terrain de la tornade de Zoutleeuw-Geetbets

    Parcours global

    Cette tornade a eu une durée de vie inférieure à celle de Beauvechain. Par contre, elle était parfaitement visible et entièrement condensée entre 17h49 et 17h53. Autre différence notable, son intensité est beaucoup plus faible.

    Carte illustrant le parcours global de la tornade de Budingen (Zoutleeuw) du 26 septembre 2024. Fond de carte : Google MapsCarte illustrant le parcours global de la tornade de Budingen (Zoutleeuw) du 26 septembre 2024. Fond de carte : Google Maps

    Le tourbillon semble commencer son emprise au sol à l’ouest de Linter (1), avant de longer Terhagen (2) en causant de très faibles dommages. Ensuite, l’intensité augmente en atteignant Budingen (3) car des bâtiments sont endommagés. De l’autre côté du village (4), plusieurs habitations sont aussi concernées avant que les marécages de la vallée de la Gette ne soient traversés (5). Ensuite, le tourbillon atteint Grazen (6) en engendrant des dégâts aux arbres et aux toitures. Évitant le centre du village, le vortex atteint aussi quelques rues à l’est de l’agglomération (7) avant de se dissiper un peu plus loin (8), près du lieu-dit Raasbeek.

    Parcours détaillé

    Les premières traces concrètes de la tornade sont identifiées à l’ouest de Linter, le long de la Heirlaan au carrefour avec la Molenweg (1), où des champs de maïs sont touchés. La disposition entrecroisée et convergente des plantes démontre le passage du tourbillon, sur quelques dizaines de mètres de largeur et avec une intensité très faible, de niveau F0-T0.

    Carte illustrant le parcours de la tornade à Linter. Fond de carte : Google MapsCarte illustrant le parcours de la tornade à Linter. Fond de carte : Google Maps

    Ensuite, longeant toujours la Heirlaan, d’autres parcelles de maïs sont aussi concernées (2), seule preuve de la survenue du phénomène. En arrivant sur la Kiezenstraat, plusieurs arbres de faible diamètre sont sectionnés dans un jardin (3). En parallèle, le vortex est observé par deux de nos membres. Une étude des photographies (notamment celles publiées plus haut dans cet article) a pu démontrer que le phénomène se situait bien autour de Linter lorsque le tuba a commencé à être bien formé, ce qui conforte l’enquête de terrain.

    Par après, la tornade longe la Linterseweg, à l’arrière des habitations de Terhagen. Bien que les dommages soient faibles, quelques dégâts à la végétation et aux champs de maïs sont visibles (4). D’ailleurs, sur ces derniers, une intensification du tourbillon semble s’opérer à l’approche de Budingen, avec des plantes en grande partie couchées sur certaines parcelles proches de la rue Linterseweg à Terhagen (5). On note également que la trajectoire n’est pas parfaitement rectiligne, mais serpente légèrement. En outre, quelques arbres sont également brisés (6) dans une propriété.

    Carte illustrant le parcours de la tornade à Budingen. Fond de carte : Google MapsCarte illustrant le parcours de la tornade à Budingen. Fond de carte : Google Maps

    Une fois les premières habitations du village de Budingen touchées sur la Roelstraat, la Bungerveld (7) et la Schoolstraat (8), cette intensification se confirme. En effet, plusieurs toitures sont endommagées avec des tuiles envolées, et des morceaux entiers arrachés. Ainsi, l’intensité atteint le niveau F1-T2 sur une largeur qui n’excède toujours pas quelques dizaines de mètres. Toutefois, le niveau F1-T3 n’est pas retenu au vu des dégâts observés aux alentours, et par le fait que les toitures plates sont davantage vulnérables que les toitures classiques en faîte.

    Toiture arrachée sur un bloc d'habitations de la Bungerveld (7). Crédit photo : Rickske VerdootjeToiture arrachée sur un bloc d’habitations de la Bungerveld (7). Crédit photo : Rickske Verdootje
    Dégâts constatés depuis l'intérieur des habitations de la Bungerveld (7). Crédit photo : Rickske VerdootjeDégâts constatés depuis l’intérieur des habitations de la Bungerveld (7). Crédit photo : Rickske Verdootje

    Par après, la Groenstraat et la Hekstraat sont concernées (9). Des tuiles s’envolent aussi des toitures et des arbres sont brisés et déracinés dans les jardins. L’intensité est estimée au niveau F0-T1. Plus loin, en traversant le Ravel (10) peu avant la Spiegelstraat, un champ de maïs est complètement versé, de façon nettement convergente. Plusieurs arbres massifs sont aussi déracinés tandis que des lignes d’arbres fruitiers sont renversées dans un verger (11). L’intensité semble se maintenir au niveau F0-T1, alors que le tourbillon concède une largeur restreinte de quelques dizaines de mètres.

    Parcelle de maïs versée et arbres déracinés au niveau du Ravel de Budingen (10). Crédit photo : François RiguelleParcelle de maïs versée et arbres déracinés au niveau du Ravel de Budingen (10).
    Verger endommagé (11) à Budingen. Crédit photo : François RiguelleVerger endommagé (11) à Budingen.

    Ensuite, la vallée marécageuse de la Gette est traversée (13), alors que la trajectoire s’incurve en direction de l’est. Plusieurs peupliers sectionnés sont visibles (12) depuis la rue dernièrement mentionnée. De l’autre côté, le vortex atteint le village de Grazen. Des arbres sont déracinés et sectionnés et un champs de maïs est complètement (14) couché de manière convergente. L’intensité est estimée au niveau F1-T2, sur une largeur d’une cinquantaine de mètres.

    Carte illustrant le parcours de la tornade à Grazen. Fond de carte : Google MapsCarte illustrant le parcours de la tornade à Grazen. Fond de carte : Google Maps
    Champ de maïs complètement couché et alignement d'arbres endommagés (13) à Grazen. Crédit photo : François RiguelleChamp de maïs complètement couché et alignement d’arbres endommagés (14) à Grazen.

    Rapidement, la tornade franchit la Broekstraat (15) en endommageant plusieurs habitations qui voient des tuiles être emportées. Un verger est aussi concerné, avec des arbres renversés, de lourds bacs en bois déplacés et des tôles envolées sur un hangar (16). Plus loin, le local scout de la Vijverstraat est touché et une partie de la toiture est emportée (17), mais l’intensité ne dépasse pas le niveau F0-T1.

    Par après, le sud-est du village est atteint au niveau des croisements entre les Orsmaelstraat, Bronckaertstraat et Verdaelstraat (18). À ce niveau, quelques légers dommages sont aussi perpétrés sur les habitations, avec une intensité qui décroit au niveau F0-T0. De plus, du mobilier de jardin est déplacé et des branches d’arbre sont brisées.

    Par la suite, la Verdaelstraat est à nouveau franchie mais les dégâts sont très légers, seul un champ de maïs (19) démontre encore le passage du phénomène. Ainsi, aux alentours de la Lutzestraat (20), la tornade semble définitivement se dissiper car plus aucun dommage tangible n’est observé, mettant fin à un parcours de 8 kilomètres.

    Conclusion

    Cet épisode intervient durant un mois de septembre perturbé et orageux, avec, par ailleurs, un record du nombre de jours d’orage pour un neuvième mois de l’année. En effet, 18 jours d’orages sont dénombrés durant ce mois, pour une moyenne de 7,5 jours, battant le précédent record de 15 jours d’orage établi en 2022. De même, les cumuls de précipitations sont largement excédentaires, mais cela ne reflète pas la réalité de toutes les localités belges, puisqu’il s’agit surtout de pluies d’origine convective.

    On notera aussi que le 23 septembre, une trombe marine est observée en fin de journée depuis Ostende. Cependant, un contact avec l’eau n’a pu être démontré au vu de son éloignement avec la côte.

    Pour conclure, on dira que les trois tornades survenues le 26 septembre 2024 ont eu chacune leurs particularités. Ainsi, la tornade de Budingen (Zoutleeuw) sera retenue comme étant particulièrement visible et esthétique, tandis que l’intensité de celle de Beauvechain la classe assurément parmi les événements significatifs de l’histoire « tornadique » de nos régions. Quant à celle d’Écaussines, elle serait passée totalement inaperçue si aucun observateur n’avait été présent sur place.

    Voici aussi un résumé des investigations :

    • Écaussines : intensité maximale évaluée à F0-T0, contact avec le sol intermittent, largeur maximale de 150 mètres. Distance parcourue de 5 kilomètres. Localités concernées : Écaussines, Henripont (Braine-le-Comte).
    • Zoutleeuw : intensité maximale évaluée à F1-T2, largeur maximale de 50 mètres. Distance parcourue de 8 kilomètres. Localités concernées : Linter, Terhagen (Zoutleeuw), Budingen (Zoutleeuw) et Grazen (Geetbets).
    • Beauvechain : intensité maximale évaluée à F2-T5, largeur maximale de 250 mètres. Distance parcourue de 15,2 kilomètres. Localités concernées : Grez-Doiceau, Beausart (Grez-Doiceau), Nodebais (Beauvechain), Beauvechain, Meldert (Hoegaarden), Willebringen (Boutersem) et Kumtich (Tienen).