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Rétrospective du voyage à la Tornado Alley 2019

À présent, en ce lundi 26 août 2019, cela fait un peu plus de deux mois que les deux équipes de Belgorage sont revenues de la Tornado Alley, célèbre région du centre des États-Unis. Nous tenons d’abord à vous remercier d’avoir été si nombreux à nous suivre et à nous soutenir lors de cette aventure. De cette manière, nous avons toujours eu le sentiment de ne pas être restés seuls et d’avoir gardé une connexion avec la Belgique.

Il est temps pour nous de faire un debriefing dans le but de vous donner des nouvelles mais aussi pour vous partager des photographies et les moments marquants du séjour en attendant la sortie de nos projets en cours.

Nous avons ramené de ce périple une riche banque de données composées de milliers de photographies et de nombreuses heures de vidéos. Il nous faudra par conséquent plusieurs mois pour dérusher tout cela et vous faire profiter de notre travail.

Des récits seront ultérieurement postés sur notre site internet dans une section qui leur sera spécialement dédiée. Ceux-ci seront étoffés de photographies ainsi que d’explications sur le déroulement du voyage et ce, pour chacune des journées passées sur le sol américain pour nos deux équipes.

En parallèle, des membres de notre collectif enregistraient également des informations depuis la Belgique comme, par exemple, des images issues de radars américains, des prévisions, des données météorologiques, etc. Cela notamment en vue de l’écriture d’un futur dossier qui vous présentera la Tornado Alley dans les détails. Une mention spéciale est d’ailleurs accordée à Attila Fekete et à Robert Vilmos pour leur aide dans ce domaine.

En outre, il faut aussi rappeler que le but de ce voyage était de pouvoir tourner des images supplémentaires qui seront intégrées dans le film ‘The Heart of Supercell Storms’. Il s’agit d’un documentaire/fiction qui sortira dans le courant de l’année 2020. Les images qui ne seront pas utilisées dans le film serviront notamment à créer des ‘Instants d’orages’.

Il était donc question d’observer et de capturer en photos et en vidéos tous les phénomènes orageux qui s’offraient à nous. De ce point de vue, le voyage fut une réussite. En effet, en faisant le bilan du séjour, toutes les manifestations orageuses ont pu être observées par notre collectif. Il s’agit des structures, de la foudre, des pluies intenses, des tornades, de la grêle et des fortes rafales de vent.

Cependant, tous les éléments ne se sont pas manifestés de façon optimale. Tout d’abord, les structures d’exceptions se sont fait attendre. Les orages étaient souvent baignés dans une ambiance humide ou trop sèche, ou ils étaient tout simplement mal structurés.

Ensuite, les tornades furent éloignées, d’une courte durée de vie ou cachées par les précipitations. D’autres encore n’étaient pas très esthétiques comme par exemple via le fait qu’elles n’étaient pas entièrement condensées.

Quant à la grêle et aux vents violents, ces phénomènes se montrèrent très difficiles à intercepter. Ils furent imprévisibles et fluctuant notamment en intensité. Ce sont ces dernières manifestations qui posèrent le plus de problèmes à notre équipe de tournage.

Après, tout n’est pas négatif, loin de là ! La foudre fut par exemple le phénomène qui marqua le plus le voyage tant celle-ci se montra impressionnante tant en fréquence que part l’intensité de ses coups de foudre.

Réserve de pétrole ayant explosé suite à un impact de foudre dans la région de Roswell au Nouveau-Mexique, le 3 juin 2019

Les précipitations furent également au rendez-vous avec l’observation de nombreuses inondations lors du séjour. Mais elles finirent même par devenir excédentaires à nos yeux, ce qui nous amena à « déprimer » certains jours surtout la deuxième semaine du séjour qui ne présenta quasiment qu’un ciel gris et bien humide sans autre manifestation orageuse marquante.

Enfin, un élément qui n’a pas encore été abordé est celui des ambiances. Celles-ci furent réellement au rendez-vous que ce soit au coucher de soleil, de nuit, de jour ou encore dans des cadres idylliques et variés.

Le bilan est positif si on se réfère au nombre d’orages interceptés qui étaient en plus quasiment tous supercellulaires. Seulement, une partie d’entre eux se révélèrent au final digne de ce nom au niveau de leur intensité bien qu’ils nous offrirent très souvent de belles ambiances.

Pour résumer, cette escapade dans les Grandes Plaines fut une réussite aussi bien par la cohésion et l’entente entre et au sein de nos équipes que par les événements orageux.

Par ailleurs, nos deux équipes étaient constituées d’une part de Jérémy Lokuli et d’Anthony (nom de famille non communiqué) et d’autre part de Michael Baillie, Samina Verhoeven, Jean-Yves Frique et François Riguelle. Au gré de cette rétrospective, les moments forts vécus par ce dernier groupe vous sont dévoilés.

Après 28 jours de voyage, 12 journées, que nous tenons à partager avec vous, ressortent réellement dans nos esprits.

La première journée que nous retenons est celle du 17 mai 2019. Notre équipe fut alors confrontée aux véritables orages américains pour la première fois du séjour. Tout commença par l’observation dans la région de Mc Cook, au Nebraska, de notre première tornade. Bien que celle-ci fut très lointaine, elle était massive et bien structurée. Ensuite, l’ambiance était digne de la Tornado Alley avec la traversée de la ville alors que les sirènes d’alertes hurlaient pendant que les habitants observaient, d’un air inquiet, les cieux tourmentés. Pour finir, nous avons dû faire face à des chutes de grêle conséquentes avant d’être stoppé par des dommages engendrés par une autre tornade.

Structure supercellulaire dans la région de Mc Cook au Nebraska, le 17 mai 2019

Après, vient la journée du 20 mai 2019 où nous avons, pour la toute première fois, dû affronter un ‘Hight Risk ‘, soit un risque maximal émis par les prévisionnistes américains. Il en ressort que nous avons eu la chance d’observer la formation d’une tornade assez esthétique à côté de la ville de Paducah au Texas. Nous avons aussi été marqués par le nombre très impressionnant de traqueurs présents sur les routes en cette journée, rendant la circulation dangereuse au vu des comportements parfois inconscients des conducteurs.

Tornade dans la région de Paducah au Texas, le 20 mai 2019

Le 22 mai 2019, deux jours après la tornade de Paducah, nous avons une nouvelle fois la chance de se retrouver au bon endroit au bon moment pour être témoin de la formation d’un tourbillon. C’est dans l’Oklahoma, plus précisément à Okemah qu’il se forme, presqu’au dessus de notre équipe, fournissant une scène épique où nous avons dû fuir la tornade. Un peu plus loin, le vortex se structura sous nos yeux pour former la plus belle tornade du séjour.

Formation d’une tornade dans la région d’Okemah dans l’Oklahoma, le 22 mai 2019

Ensuite, la journée du 24 mai 2019 nous a réservé un déluge. Ainsi, dans une ambiance digne d’un mois de novembre belge, des orages ont déversé de fortes pluies qui ont inondé la région de Crosbyton au Texas. Les étendues couvertes d’eau étaient impressionnantes. Les routes furent transformées en rivières tandis que les champs avaient davantage l’aspect de vastes lacs.

Larges inondations dans la région de Crosbyton au Texas, le 24 mai 2019

En parlant de lacs, la journée du 29 mai 2019 fut marquée par l’un d’entre eux. En effet, lassée par une semaine grise et pluvieuse, notre équipe décida de se positionner au bord d’un lac situé à l’est de Dallas, au Texas, dans le but de voir passer un système multicellulaire. Quelle ne fut pas alors notre surprise d’assister au final à la formation de trois supercellules successives au dessus de la masse d’eau avec la structuration progressive des nuages murs qui ont fini par donner deux petites tornades un peu plus loin. Tout cela sans bouger d’un endroit que nous avions choisi à l’avance !

Orage supercellulaire dans la région de Heath au Texas, le 29 mai 2019

Une autre journée à retenir est celle du 30 mai 2019 dans la région de Mc Camey au Texas. Notre équipe a subi le passage d’une supercellule dans un canyon, ce qui a eu pour conséquence que de nombreux torrents composés d’eau et de grêle dévalèrent les plateaux avoisinants pour venir inonder le canyon. Bien que nous nous sommes retrouvés coincés par les inondations, celles-ci se révélèrent intéressantes car nous avons pu observer de véritables ondes de crue arriver sur notre position, illustrant parfaitement les ‘flashs flood’. Ensuite, comme la cellule se déplaça très lentement, nous avons réussi à l’intercepter une seconde fois. Nous fûmes alors impressionnés par l’intensité de la pluie et des chutes de foudre qui sévissaient en son sein, cette dernière ayant d’ailleurs frappé un arbre en le réduisant à l’état de bûches incandescentes…

L’unique route du canyon inondée par 60 cm d’eau et de grêle dans la région de Mc Camey au Texas, le 30 mai 2019

La journée du lendemain, soit le 31 mai 2019, est aussi restée gravée dans nos mémoires. Alors que nous étions en pleine zone désertique texane, un paysage hivernal s’offrit à nos yeux à Marathon. En effet, d’importantes chutes de grêle ont provoqué une accumulation de grêlons de plusieurs centimètres au sol alors que les arbres perdirent tout leur feuillage. À la vue des habitants ébahis par ce spectacle, nous prîmes conscience du caractère exceptionnel de ce genre d’événement quand il frappe un endroit donné.

Chute de grêle intense ayant sévi dans la ville de Marathon au Texas, le 31 mai 2019

De la grêle, il en est encore question le 1er juin 2019. Une supercellule LP donna d’intenses chutes de grêlons dans la région de Pecos. Notre véhicule s’en retrouva marqué via de nombreuses bosses dans la carrosserie et un pare brise présentant des fissures. Ensuite, nous avons assisté au passage du nuage mur au dessus de Fort Stockton, la ville fournissant une ambiance dantesque. Pour finir, un spectacle de foudre s’offrit à nous une fois la nuit tombée.

Chute de grêle dans la région de Pecos au Texas, le 1 juin 2019

Le 3 juin 2019 fut une journée très intéressante. Pour commencer, une supercellule développa un mésocyclone très esthétique au sud de Roswell, au Nouveau-Mexique, avant d’être précédée d’un puissant front de rafale qui souleva énormément de poussière. Ensuite, nous nous sommes déplacés dans la région de Livington pour observer le passage d’une ligne d’orages multicellulaires à la nuit tombée. La foudre valut le déplacement à elle seule avec notamment les réserves d’un puits de pétrole qui explosèrent après avoir été frappés par cette dernière.

Orage supercellulaire très esthétique dans la région de Roswell au Nouveau-Mexique, le 3 juin 2019

Une journée qui fut marquante pour ses ambiances est celle du 6 juin 2019. Nous assistâmes au développement de plusieurs supercellules dans un environnement boisé à l’est de San Antonio, au Texas, ce qui contrastait avec ce que nous avons connu précédemment. De plus, chaque orage présenta des structures et des aspects différents. En soirée, nous avons fini par atteindre la côte du Golfe du Mexique à l’est de Corpus Christi, en suivant la progression des cellules. Bien que les orages ne furent pas très électriques, l’ambiance tropicale et maritime valu le détour.

Orage supercellulaire dans la région de San Antonio au Texas, le 6 juin 2019

Le 7 juin 2019 fut marqué par un autre aspect. En effet, alors que notre équipe faisait le plus long trajet du séjour en parcourant le Texas du sud au nord, nous tombâmes sur les dégâts d’une tornade à Ballinger. Classée EF3, elle a endommagé des maisons et l’une d’elle a même été détruite en grande partie. Les dommages étaient encore bien visibles si bien que nous avons pu étudier, même trois semaines après l’évènement, les dégâts causés par cette tornade. Ensuite, en cours de soirée, nous avons aussi assisté au passage d’orages très électriques dans la région de Dalhart, tout au nord du Texas.

Dégâts dû au passage d’une tornade classée EF3 dans la région de Ballinger au Texas, le 7 juin 2019

Pour terminer, le 8 juin 2019 arriva. Ce fut sans conteste l’apogée du voyage. Nous nous sommes retrouvés en face de la plus belle structure de l’année dans la région de Winona au Kansas, au dire des traqueurs américains. La supercellule était monstrueuse en taille et présentait un mésocyclone incroyablement structuré avec en plus une tornade durable et de très nombreuses chutes de foudre. Seule ombre au tableau, la tornade n’était pas grande ni condensée entièrement. Ensuite, à la tombée du jour, l’orage passa sur la ville, le tout dans une ambiance d’apocalypse et pour finir, la foudre nous offrit un nouveau spectacle à l’arrière du système avec notamment l’occurrence de nombreux éclairs de type ’spider’.

Orage supercellulaire produisant une tornade dans la région de Winona au Kansas, le 8 juin 2019

Pour conclure, le voyage fut une réussite pour nous mais il nous laisse tout de même un peu sur notre faim. Nous aurions aimés voir plus de structures d’exceptions, des phénomènes plus intenses, des orages moins imprévisibles et des tornades plus puissantes et esthétiques. Mais après tout, nous sommes peut être trop exigeants…

Nous vous tiendrons au courant de l’avancée des projets liées à ce périple qui, pour rappel, sont composés du film ‘The Heart of Supercell Storms’, du dossier sur la Tornado Alley et des récits journaliers.

Éclair internuageux accompagné d’un coup de foudre dans la région de Quinter au Kansas, le 9 juin 2019