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27/05/2016 – 07/06/2016 – Douze jours de précipitations intenses

    Cette période orageuse est l’une des plus pluvieuses et l’une des plus étranges que la Belgique n’ait jamais connues.

    Intéressons-nous d’abord aux chiffres.

    Sur ces douze jours, pas mal de totaux de précipitations ont dépassé 150 mm, voire frôlé les 200 mm, ce qui est énorme pour un laps de temps aussi court.

    Source : IRM

    Quelques exemples :

    • Genk : 172 mm
    • Rochefort : 169 mm
    • Beausaint : 163 mm
    • Courrière : 157 mm

    Ces précipitations abondantes placent en bien des endroits le mois de juin 2016 en tête des mois de juin les plus pluvieux connus. Ainsi, Uccle cumule 175 mm de précipitations sur ces trente jours, auxquels il faudrait ajouter plusieurs dizaines de millimètres tombés dans les derniers jours de mai. Pour la station bruxelloise, un tel cumul à cette époque de l’année est inconnu depuis le début des observations en 1833. Ailleurs dans le pays, des cotes que l’on peut qualifier d’historiques sont à relever: 232 mm à Genk et 299 mm au Mont-Rigi sur tout le mois!

    La plupart du temps, ces cumuls sont le fruit de quelques grosses averses seulement. C’est pour cela que quelques totaux journaliers (sur 24 h) peuvent vraiment être considérés comme exceptionnels. Et comme vous allez le voir, cela se répartit (au jour le jour) de façon tout à fait aléatoire sur le pays.

    Le 30 mai, c’est la région de Roulers qui est touchée par de très fortes précipitations, avec 94 mm à Roulers même, 90 mm à Wingene et 88 mm à Beitem. Le 1er juin, c’est au tour du Limbourg avec 109 mm à Lommel. Et le 7 juin, on mesure 88 mm à Lot. Ceci pour ne citer que les pires averses. Tous les jours, il y a de gros orages bien pluvieux au moins quelque part dans le pays, à l’exception du 31 mai.

    Les conséquences ne se font pas attendre. Les deux photos ci-dessous se suffisent à elles-mêmes pour résumer la situation.

    La N52 à Gaurain-Ramecroix en temps normal (à gauche) et après le passage
    des orages du 7 juin 2016 à droite. Source de la photographie : RTL.be

    Quelques localités, épargnées par les plus grosses averses, connaissent des cumuls de précipitations plus raisonnables, comme par exemple Beauvechain avec 71 mm en 12 jours. Mais cela reste beaucoup malgré tout : normalement, c’est la quantité qui tombe sur tout un mois. La région côtière est la seule à être vraiment épargnée, avec 25 mm en 12 jours à Middelkerke.

    Comme déjà évoqué ci-dessus, nous allons également parler du côté étrange de ces 12 jours. En effet, si les courants directeurs, d’abord très faibles, s’établissent ensuite à l’est en raison d’un « high-over-low blocking », les basses couches sont quant à elles influencées par la récurrence de dépressions thermiques, souvent mal placées, qui nous amènent un air humide et frais de la Mer du Nord, envahissant une partie plus ou moins grande du pays. À Uccle par exemple, le ciel reste désespérément gris du 29 mai au 4 juin, avec seulement 8 minutes de soleil en 7 jours ! Les températures maximales, pendant cette période, restent constamment coincées entre 15 et 18°C.

    C’est dans ces stratus, voire nimbostratus, que de violents orages (formés plus à l’est ou au nord-est) viennent littéralement s’encastrer. Depuis le sol, ces orages ne sont marqués que par l’assombrissement temporaire d’un ciel déjà gris.

    Bruges le 30 mai à 15h00, 16h30 et 18h00.
    Source des images : Comité voor initiatief Brugge

    Ou alors, les orages se remarquent par des luminosités étranges.

    Louvain sous un stratus se teintant de rose, le 1 juin à 20h30 et à 21h30.
    Source des photographies : leuven.teambelgium.net

    Aux Pays-Bas par contre, l’arcus est bien visible.


    Crédit photo : Bertha van Eerd. Source : Noodweer Benelux

    Quelques points d’orgue :

    Le 27 mai, un tuba se forme au-dessus de Raffelsbrand, en Allemagne, à 8 km seulement de nos frontières. Le même jour, on observe 56 mm d’eau en une heure seulement à Kanne (Limbourg).

    Le 29 mai en région liégeoise, une fine pluie se transforme brusquement en pluie torrentielle sans que le ciel ne change véritablement de couleur. Résultat : 51 mm dans le pluviomètre de Bierset et 55 mm dans celui de Slins.

    Le 30 mai, les températures n’atteignent que 13°C en Flandre occidentale avant que n’éclatent les orages. Ceux-ci pourtant, outre des coups de vent, déversent plus de 50 mm d’eau (pour des totaux journaliers encore bien supérieurs, voir plus haut). Au niveau du ciel cependant, juste un petit assombrissement, rien de plus.

    Le 1er juin, des orages formés dans de l’air chaud et humide sur les Pays-Bas débordent sur la Belgique, dans la zone bien plus fraîche, mais ne faiblissent pas. À Lommel, on totalise 109 mm de pluie !

    Le témoignage de traqueurs :

    « Le paysage baigne alors dans une ambiance brumeuse avec quelques gouttes, fruit d’une humidité extrême. Il fait à peine 15°C et le vent souffle d’ouest. »

    « Cette ambiance est d’autant plus indescriptible que de forts orages éclatent à environ 15-20 km au nord… poussés par de l’air chaud (24-25°C) présent sur les Pays-Bas. »

    « Ces orages sont ainsi alimentés par l’arrière et, à leur avant, rien à part une certaine moiteur de l’air ne permet de croire aux orages pour le citoyen lambda. »

    Le 2 juin, c’est le nord de l’Ardenne qui subit plusieurs averses orageuses diluviennes, entraînant des crues éclairs sur plusieurs cours d’eau de la région de Nassogne et de Jemelle.

    Le 5 juin, la situation orageuse devient enfin plus classique, avec un temps chaud, humide et lourd. Et les structures nuageuses, du coup, deviennent plus visibles aussi. Ainsi, un orage multicellulaire né sur le Pays de Herve se déplace dans une direction originale, vers l’ouest, jusqu’au Brabant wallon. Il se précède d’un arcus parfois bien tourmenté.

    Enfin le 7 juin – journée orageuse classique aussi – se caractérise à nouveau par des précipitations énormes. Plusieurs cellules nées de manière anarchique finissent par se regrouper le long d’une convergence allant du nord du Hainaut à la Campine, donnant des précipitations diluviennes quasi-stationnaires. À Lot (au sud-ouest de Bruxelles), on totalise 88 mm, tandis qu’à Humain, sous d’autres cellules, on mesure 55 mm en une heure seulement !

    Pour obtenir davantage d’informations, un dossier est disponible via le lien suivant : les orages des mois de mai et de juin 2016

    Des articles pour chacune des ces journées sont également disponibles sur le site, dans la section « brèves et articles ».