Après un mois d’août très calme au niveau des orages, ceux-ci ont fait leur retour en Belgique. Le 3 septembre, en fin de journée, certains d’entre eux se sont montrés très actifs entre les Hauts-de-France et le nord de la Belgique, en se développant à l’avant et sur un front froid progressant vers l’est. Ce sont essentiellement le Hainaut puis le centre-ouest de la Flandre qui ont été concernés par les orages les plus marqués, ceux-ci prenant la forme d’une organisation multicellulaire en ligne particulièrement musclée.
De fait, les résultats ne se sont pas fait attendre puisqu’un violent phénomène venteux a concerné l’ouest du Brabant flamand, de Pajottegem à Ternat. Une enquête effectuée par Belgorage a pu conclure à la survenue d’une série de rafales descendantes (microrafales). À Galmaarden, Herne et Gooik (Pajottegem), de nombreux dégâts ont été observés sur la végétation, avec des arbres brisés ou déracinés. Plusieurs routes se sont retrouvées impraticables, mais aucun blessé n’est à déplorer malgré la chute d’arbres sur des véhicules. De même, des dommages sont constatés sur des toitures, avec des tuiles envolées, tandis que des structures légères sont soufflées. Plus loin, des dégâts similaires sont observés à Ternat, avec notamment des coupures de courant à Wambeek à la suite de la rupture de câbles électriques.
Parcelle forestière endommagée à Galmaarden, en province du Brabant flamand, le 3 septembre 2025.
Crédit : Dieter van Achter
Serre détruite à Gooik, en province du Brabant flamand, le 3 septembre 2025.
Crédit : Cindy de Potter
De telles rafales se produisent sous les courants descendants des cellules orageuses, au sein desquels les masses d’air se retrouvent accélérées vers le sol. Au vu des dégâts portés à la végétation et par endroits au bâti, l’intensité maximale semble se trouver à la limite entre T2 et T3 sur l’échelle de TORRO, soit des vitesses de vents estimées autour de 150 km/h. De telles valeurs de vent rencontrent les critères d’orage violent tel que défini par Belgorage sur l’onglet ‘orages violents’ de la section ‘Brèves et articles’ de notre site Internet.
Ailleurs, des dommages ponctuels sont également constaté sur la végétation, comme à Lennik et Roosdaal, mais sans commune mesure avec ce qui a été observé auparavant.
Dégâts consécutifs à une rafale descendante survenue le 3 septembre 2025
à Galmaarden (commune de Pajottegem), en Brabant flamand.
Plus précisément, c’est la pointe sud de ce système qui a été responsable de ces dégâts. Il semble qu’une supercellule y ait été active depuis les Hauts-de-France jusqu’à son arrivée à l’ouest de Bruxelles, où elle a évolué en un écho en arc, une structure convective au potentiel venteux reconnu. L’aéroport de Zaventem, où les opérations ont été temporairement suspendues, a relevé des pointes de 80 km/h. La survenue des rafales descendantes dans l’ouest du Brabant flamand correspond au moment de transition durant lequel la supercellule évolue en écho en arc sous l’effet de puissants courants-jets arrières (RIJ, soit ‘Rear Inflow Jet’ pour l’acronyme anglais) qui viennent déformer et pousser plus en avant le noyau de précipitations intenses. Celui-ci prend alors la forme d’un arc plus ou moins prononcé. Il s’agit d’une restructuration assez régulièrement observée dans ce type de configuration orageuse.
Photo panoramique de l’arrivée de la pointe sud du système orageux sur la région bruxelloise, prise depuis l’aéroport de Zaventem
vers 18h45, le 3 septembre 2025. Malgré la déformation panoramique, la forme en arc des précipitations
se note assez bien entre la gauche et le centre de la photo.
Ailleurs dans le pays, plusieurs autres orages ont également circulé. Généralement moins actifs, ils se sont montrés parfois esthétiques avec l’arrivée du crépuscule. Ici aussi, quelques foyers ont adopté des caractéristiques supercellulaires, notamment un orage qui a circulé depuis Assesse, en province de Namur, jusqu’à la région de Saint-Trond, en province de Limbourg, avec quelques dégâts ponctuels sur son trajet, notamment à Éghezée, en province de Namur, et Hannut, en province de Liège, où le labyrinthe de Cras-Avernas a dû fermer ses portes à cause des dommages portés aux infrastructures et aux parcelles de maïs. Cependant, contrairement au système orageux sur l’ouest du Brabant flamand, cette cellule n’a provoqué aucun dégât important.
Supercellule LT observée durant la soirée du 3 septembre 2025 depuis Gingelom, en province de Limbourg.
Enfin, une ligne frontale orageuse a mis fin à l’épisode en progressant depuis l’est du Hainaut jusqu’aux frontières néerlandaise et allemande en soirée. Localement, elle s’est montrée assez venteuse. Une rafale de 76 km/h a ainsi été mesurée à Florennes, en province de Namur. Concernant les précipitations, malgré quelques inondations à cause de l’intensité des pluies, les cumuls n’ont pas dépassé 20 à 30 mm sur la durée de l’épisode.
Évacuation d’une ligne multicellulaire en début de nuit du 3 au 4 septembre 2025, observée depuis Vezin, en province de Namur.
Dans un contexte atmosphérique marqué par de forts cisaillements « tournants » de vent avec l’altitude (soit des différences de direction entre la basse et la moyenne troposphère), la mise en rotation des courants ascendants des foyers orageux, caractéristique obligatoire d’une supercellule, n’est guère surprenante. Ce risque avait d’ailleurs bien été mis en avant dans le bulletin de Belgorage. Ces supercellules étaient de type LT, pour « low-topped », soit à sommet assez bas. Cette variété de cellules a parfois tendance à passer un peu inaperçue, étant donné qu’elles sont généralement assez peu électriques (voire pas du tout) et que leur influence s’exerce sur un périmètre bien plus restreint que les supercellules de taille « normale ». Si la supercellule ayant traversé le Hainaut et le Brabant flamand se signalait par une activité électrique par moments soutenue, les autres foyers ayant adopté des caractéristiques supercellulaires plus à l’est étaient, au contraire, marqués par des périodes d’absence totale d’éclairs.
De telles supercellules LT ne sont pas si rares dans nos régions. Ces dernières années, un épisode de ce type assez notable a été observé en date du 24 octobre 2022, dont l’article est disponible via le lien suivant : 24/10/2022 – Supercellules LT.