Alors que deux mois plus tôt, du 7 au 9 juin, la Belgique a vécu un épisode orageux tel qu’il existe dans l’imaginaire collectif – avec chaleur moite et nuages angoissants – mais sans tornades, celui du 8 au 10 août est bien moins spectaculaire. Ce dernier, pourtant, a produit pas moins de 5 tornades avérées et autant de cas suspects.
Regardons d’abord ce qui s’est passé.
Le 8 août, nous avons :
- Une tornade F1 qui parcourt environ 6 kilomètres du côté de Glimes et Jauchelette (province du Brabant Wallon).
- Une probable tornade F1 qui touche Sauvenière (province de Namur)
- Une tornade F1 qui parcourt 3,6 kilomètres à Manhay (province du Luxembourg)
- Une tornade F1 qui parcourt environ 5 kilomètres à Sart-Lez-Spa (province de Liège)
Le 10 août, nous avons :
- Une tornade F1 qui parcourt 2,3 kilomètres à Gozée (province du Hainaut)
- Une tornade F1 qui parcourt environ 9 kilomètres du côté de Ligny et de Tongrinnes (province de Namur et de Hainaut)
- Une possible tornade F0-F1 à Marbay (province de Luxembourg)
- Une possible tornade F1 à Waret l’Évêque (province de Liège)
Inutile de dire que ces tornades provoquent pas mal dégâts, tant à l’habitat qu’à la végétation, même si elles ne sont « que » des F1.
Crédit photo : Samina Verhoeven – Belgorage
Comme c’est récurrent en Belgique, rien n’annonçait « sensoriellement » la survenue de tels phénomènes.
Le 8 août, les températures ne dépassent guère 21 à 22°C par ciel très nuageux à couvert. Les altocumulus sont rapidement suivis par des stratocumulus, à leur tour surmontés d’un altostratus s’épaississant jusqu’à donner un nimbostratus pluvieux. C’est au cœur de ces altostratus et nimbostratus que se forment des cumulonimbus – des cumulonimbus « enclavés » comme on les appelle (« embedded Cb ») – qui génèrent les phénomènes violents.
Le 10 août n’est différent du 8 août que dans les détails, sinon c’est une vraie journée d’été belge aussi. Des cumulus se forment rapidement en dessous de nappes d’altocumulus, ensuite de nombreux stratocumulus viennent s’y mêler. Ce mix de cumulus et de stratocumulus nous accompagne une bonne partie de la journée, avec quelques éclaircies qui permettent un coup de douceur toute relative, des températures qui atteignent l’après-midi 23-24°C au plus. Puis tout explose au passage d’un front froid.
Une fois de plus, les causes sont à rechercher dans la dynamique d’altitude. Dans les deux cas, nous avons un bon cisaillement du vent, appuyé par la présence d’un jet-stream puissant pour la saison. La très forte humidité de l’air contribue fortement aussi à la mise en place des phénomènes. Une autre hypothèse par contre, relayée à l’époque par de nombreux médias et évoquant un lien avec une eau trop chaude de la Mer du Nord, ne s’est pas confirmée.
Des recherches ont montré qu’il n’en était rien. Les eaux de la Mer du Nord, certes beaucoup trop chaudes au printemps, ne l’étaient plus en été. On peut même parler du contraire : les eaux « pas trop chaudes » (et même « relativement » fraîches par rapport aux terres environnantes) ont permis l’installation d’un petit anticyclone thermique sur la Mer du Nord, qui a dévié les vents de surface dans nos régions et qui, de ce fait, a renforcé les cisaillements avec les vents d’altitude.
Enfin, voici encore quelques photos, prises par des personnes se trouvant au bon endroit au bon moment.
8 août 2014 – Sart-Lez-Spa – Source – Info Météo
8 août 2014 – Rabaissement nuageux à Tilff (Liège) – Crédit photo : Raphaël Sanchez
10 août 2014 – Ligny-Tongrinne – Sudpresse
Des articles sur ces événements ont été également rédigés et ils sont disponibles via les liens suivants :
Un dossier est également consultable via ce lien : Tornado Outbreak du mois d’août 2014 en Belgique.